Une soirée avec Marcel Proust peut être une fête joyeuse, pleine de vie, de rires et de surprises ...
C’est Xavier Gallais qui me l’a appris, il y a onze ans presque jour pour jour...
Proust m’intriguait mais me faisait peur... et en quelques passages de « La Recherche » lus avec un talent unique, enthousiasme et générosité.... il me parut abordable !
Une révélation... qui m’accompagne depuis... et m’amène tout doucement à me plonger dans la lecture d’« A la recherche du temps perdu ».
Beaucoup se frottent à Proust... très peu parviennent à rendre ses mots aussi vivants et accessibles, tout en distillant avec gourmandise leur saveur.... C’est un travail d’une grande rigueur, de précision, de passionné !
Un cadeau inestimable pour les spectateurs !
Ce soir, nous étions nombreux au théâtre de l’Oeuvre, dans l’écoute, la concentration, pour ne pas perdre une miette de ce moment !
Deux petites tables, des chaises, deux tabourets de piano... une tasse de thé...
Quand nous entrons dans la salle, Xavier Gallais est là... il écrit... à Marcel, peut-être ?
😉
Il se lève, sort côté cour, puis revient dans un sourire malicieux par le jardin...
La lecture commence... incarnée...
Quelques passages musicaux, des projections de photos de Combray, de Balbec ou des reproductions de peintures, choisis avec soin, l’accompagnent sobrement (ah... ce Brueghel.... dont j’ai vu durant toute mon enfance une reproduction dans le salon familial !).
Alors, un sourire se dessine sur mon visage et ne me quittera plus... La joie de ces mots ciselés qui résonnent, le portrait d’une société peinte avec humour, lucidité et tendresse, la mémoire... Une galerie de personnages qui prennent vie sous nos yeux étonnés...
Des rires fusent... l’émotion me saisit aussi ...
C’est un virtuose, tout en finesse, qui habite pendant 1h45 la scène du théâtre de l’Oeuvre, et nous invite au coeur de La Recherche : le narrateur, Françoise (ses asperges, son boeuf en gelée !), Tante Léonie, les Guermantes, les Verdurin, Odette, Albertine et ces mets dont elle aime entendre les cris, Swann, le docteur, le pianiste, Combray, Paris, Balbec, les « Barbares » qui ne savent pas que le samedi, on déjeune plus tôt....
Tout ce petit monde prend forme et vie grâce à cette voix aux mille nuances, à cette très belle diction, à ce sens du rythme, à cette présence, à ce souffle qui se fraye un chemin dans les très longues phrases proustiennes, à ce visage, ces mains si expressifs...
Les applaudissements sont nourris, enthousiastes, reconnaissants !
Les yeux de mes voisins brillent... et les sourires continuent à éclairer les visages des spectateurs, bien après la fin de la représentation...
Paroles de quelques amis présents :
« C’est tellement beau... on aimerait qu’il répète certaines phrases... par gourmandise !!! »
« Tout semble si fluide, si naturel »
« Je n’imaginais pas rire ainsi ! »
« Quelle générosité ! Quel courage de s’attaquer à des passages aussi difficiles, de restituer toute leur richesse et de les rendre si accessibles ! ».
Hier soir, Xavier Gallais nous a entraînés dans l’univers de Marcel Proust, qu’il a choisi de partager avec nous ; il a su mettre en mouvement notre imagination, et faire battre nos coeurs un peu plus fort...
Un immense merci à lui et aux organisateurs de cette très belle soirée...
Oui, nous étions là ! Quelle chance ! Quelle joie !
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