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PROVIDENCE

Photo du rédacteur: AdministrateurAdministrateur

Dernière mise à jour : 9 août 2022




Me voici ce soir, aux Déchargeurs, pour la reprise parisienne de Providence, avant le festival d’Avignon !

Ce soir, très progressivement, l’émotion m’a gagnée.... jusqu’au coup de théâtre final....et m’a laissée KO, tremblante de la tête aux pieds, émue, bouleversée.

QUEL DUO IMPRESSIONNANT ET BOULEVERSANT !

La maîtrise et la liberté à l’oeuvre !

Il me semble que Ben et Abby ont chacun leurs turpitudes... leurs instants de sincérité, leurs peurs et chacun à sa manière la tentation de dominer et de manipuler l’autre... Une relation équilibrée dans son déséquilibre, en quelque sorte !


Nous sommes le 12 septembre 2001, quelque part à New-York... certes... il y a donc l’Amérique... et les circonstances : chacun - pour peu qu’il ait un peu plus de vingt ans - a probablement des souvenirs de ce qu’il faisait, de ce qu’il a ressenti... le 11 septembre 2001, et les jours suivants...

Mais au fond, les non-dits, les petites et grandes lâchetés, les incompréhensions entre Ben et Abby ne sont-ils pas ceux que beaucoup de couples, légitimes ou non, peuvent traverser ? Ce ne sont que des êtres humains que la situation exceptionnelle pousse à se parler ... enfin !

Et c’est tout le talent des artistes réunis pour nous : l’auteur, l’adaptateur et metteur en scène et les deux acteurs... Nous donner à voir, à ressentir, les élans, les frustrations, l’affection, l’ironie, le désir, le dégoût, la colère, l’inquiétude, l’espoir... dans toute leur complexité, tout au long de cette confrontation décisive.


Outre le dialogue intime de ce couple,

une vision du désastre, de l’effondrement, de l’impensable qui vient de se produire,

la (sur)vie qui ne tient qu’à un fil....

le sentiment de culpabilité - avoir survécu, garder le silence face à ce téléphone qui sonne encore et encore, oser rêver de tout abandonner et de fuir,

l’incrédulité,

l’enfermement - entre les murs de cet appartement (étouffant huis-clos) et dans les impasses où ils se sentent coincés : elle, une réussite professionnelle qui ne semble pas suffire à l’épanouir ; lui, une vie de famille dans laquelle il ne se sent plus à sa place ; et cette relation dans laquelle ils cherchent à retrouver la saveur des premiers instants.


Magnifiques partenaires, Marie-Christine Letort et Xavier Gallais réinventent semble-t-il chaque soir leur partition (de l’intérêt de voir le spectacle plusieurs fois 😉), jouent fiévreusement des mots, de leurs corps, des silences, des regards, basculant en une fraction de seconde du murmure à la rage... de l’ironie à la vulnérabilité... de la tendresse à la violence...


Deux artistes investis, passionnés, qui nous bousculent et nous entraînent dans leur sillage... pour notre plus grande joie de spectateur !


A la sortie, les échanges avec les deux artistes sur la pièce, leur vision des personnages sont évidemment passionnants ... Il est question notamment de mensonges, d’effondrement, de fantômes, de théâtre nô, de petite et grande histoires qui s’entremêlent ! Et de projets !


Le théâtre, le partage, la vie !

Quelle chance !


Providence, de Neil Labute, mis en scène par Pierre Laville, et interprété avec Marie-Christine Letort et Xavier Gallais.

📷 Ifou


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