A la Cartoucherie, en ce soir de première de Rituel 5 : la mort, pour retrouver sur scène Barbara Chanut, et découvrir ses jeunes compagnons des Talents Adami.
La soirée est douce et la lune illumine le lieu et ses espaces dédiés à la création et au partage au coeur du bois de Vincennes.
Je découvre d’abord un dispositif sous forme de témoignages, conférence, mêlant sur scène vidéos, interventions individuelles et collectives, avec un clin d’oeil humoristique aux visio-conférences que beaucoup d’entre nous ont dû apprivoiser, avec plus ou moins d’aisance et de succès ces dernières années.
Dans ce cadre très contraignant, huit jeunes gens, leurs personnalités singulières et leurs belles énergies.
Et pour les spectateurs, commence une plongée au coeur des préoccupations du monde du funéraire… je sens autour de moi un mélange de rires, de curiosité et de malaise … réactions auxquelles mon métier m’a habituée. Surprise pourtant en ce qui me concerne de voir s’exprimer sur scène beaucoup de questionnements de mon quotidien professionnel…
Je suis très impressionnée de voir à quel point les autrices ont réussi à la fois un travail documentaire très approfondi, et l’écriture pour chaque personnage d’un discours juste, à partir duquel elles s’autorisent avec les artistes sur scène des projections, des interprétations, des audaces, qui nous éloignent parfois du réel pour rejoindre le monde du fantasme et de nos peurs ancestrales face à la mort.
Très impressionnée aussi de voir la conviction avec laquelle ces jeunes gens incarnent ces personnages, ces sujets.
La mort et les rites funéraires sont abordés de manière très concrète, avec une forme de simplicité, d’évidence.
La présence des huit jeunes talents dans leur grande diversité, nous tient en haleine, entre sourires, étonnement, vision d’horreur, questions éthiques…
Il y a les nouveaux modes de sépulture - aquamation, humusation - présentés comme plus écologiques par leurs partisans… mais le sont ils réellement ?
Le métier de « funeral planner » qui organise en 3 à 5 jours un événement qui nous concerne tous mais qui ne réjouit personne…
Le maître de cérémonie et ses lectures.
Le thanatopracteur et son travail d’artiste, pour soigner la dernière image, le dernier souvenir.
La photographe qui réalise les derniers portraits.
L’architecte qui imagine un cimetière vertical et des rituels associés.
Les coopératives, les grands groupes ; la question du prix des obsèques
L’organisateur des « cafés de la
mort » ; les QR codes ; la cérémonie dans le monde virtuel.
Une création passionnante, qu’il s’agisse du fond ou de la forme ; un très beau travail de troupe, qui nous fait naviguer du rire à l’émotion, nous interroge sur notre propre finitude, notre devenir et celui de nos proches, ces métiers méconnus qui cherchent leur juste place, entre les excès de certains et l’engagement quasi sacerdotal de beaucoup.
Un grand bravo et à toutes et tous, je souhaite un très beau parcours avec ce rituel et pour la suite !
RITUEL 5 : LA MORT
Conception, écriture, mise en scène, Émilie Rousset et Louise Hémon
Interprétation : Barbara Chanut, Mohamed El Mazzouji, Anaïs Gournay, Manon Hugny, Damoh Ikheteah, Tom Pezier, Arthur Rémi, Ophélie Ségala
Conseil à la dramaturgie, Marine Prunier
Lumières, Romain de Lagarde
Cheffe opératrice image, Alexandra de Saint Blanquat
Maquillage SFX, Amanda Silaen
Montage vidéo, Carole Borne
Musique, Émile Sornin
Régie son et vidéo, Romain Vuillet et Cristian Sotomayor
Régie générale, Jérémie Sananes
Stagiaire à la mise en scène, Elina Martinez
Administration et production, Les Indépendances, Colin Pitrat et Hélène Moulin
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